Du 20 au 21 juin 2025, Abuja a accueilli le tout premier Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest (WAES 2025), un rendez-vous historique réunissant les chefs d’État, les dirigeants d’institutions financières mondiales, les industriels et les partenaires au développement.
Bidossessi WANOU
Placé sous le thème « Une voix, un avenir », cet événement se veut un acte important dans la volonté régionale d’accélérer l’intégration économique et de renforcer la prospérité partagée dans la sous-région. Lors de ce sommet, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a pointé du doigt le faible volume des échanges commerciaux entre pays ouest-africains. « Le volume des échanges intra-africains dans la région est faible, il faut une coopération plus efficace et des résultats concrets », a-t-il déclaré, appelant à une relance de la CEDEAO pour sortir de cette inertie. Il a également souligné la nécessité de miser sur l’économie et la coordination politique pour faire avancer la région. De son côté, le président béninois Patrice Talon a reconnu les obstacles persistants à l’intégration économique. « Ce n’est pas la volonté qui nous manque, mais nous ne parvenons pas à faire aboutir nos idéaux », a-t-il regretté, dénonçant l’inertie de la CEDEAO malgré l’existence de textes ambitieux. Il a insisté sur l’importance de transformer ces textes en actions concrètes.
Au-delà des discours, le Bénin et le Nigéria partageant une large proximité de par leurs frontières, ont signé un accord de coopération pour une intégration économique effective entre les deux pays. En saluant cette vision, « Le président Tinubu et moi nous sommes d’accord pour que le Bénin et le Nigéria intègrent leurs économies de manière effective », a fait savoir le Chef de l’Etat Béninois, Patrice Talon. Cet accord a-t-il souligné, permettra de faire des deux nations des pionniers d’une intégration régionale réussie. Ce partenariat, faudrait-il le rappeler, vise à dépasser les obstacles non tarifaires, tels que les formalités douanières, les autorisations de mise sur le marché ou encore les questions fiscales et monétaires. Avec 700 kilomètres de frontière commune, le commerce entre le Bénin et le Nigeria est déjà intense, mais principalement informel. En 2022, les importations en provenance du Nigeria s’élevaient à 716,2 milliards de FCFA, représentant près de 89 % des importations totales non enregistrées, et en 2023, elles ont atteint 935,6 milliards de FCFA, soit près de 94 %. Les exportations du Bénin vers le Nigeria ont également connu une hausse, passant de 568,5 milliards en 2022 à 608,2 milliards en 2023.
Une région en quête d’unité économique

Le président Patrice Talon a insisté sur la nécessité de renforcer la solidarité économique et financière dans la sous-région. « Si nous ne partageons pas le même idéal économique, ce n’est pas aussi grave que de ne pas partager le même idéal démocratique », a-t-il affirmé. Il a aussi déploré les tracasseries routières qui compliquent la libre circulation, soulignant qu’ « il faut plus d’une journée pour aller de Lagos à Abidjan ». Ce sommet a permis de réaffirmer l’engagement des pays présents notamment le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, la Gambie, le Libéria, le Togo, la Guinée-Bissau et d’autres à renforcer leurs échanges bilatéraux et à simplifier les procédures douanières. Cependant, tous s’accordent à dire que ces efforts doivent être accompagnés d’une dynamique inclusive et d’une volonté politique forte pour transformer ces engagements en résultats concrets.
Appel à l’action collective

Le président Patrice Talon du Bénin a lancé un appel à la responsabilité collective. Pour lui, « Si l’Afrique de l’Ouest n’est pas davantage intégrée, la faute incombe à tous les niveaux : des Chefs d’État aux agents d’exécution, en passant par les administrations ». Il a souligné que l’intégration économique doit dépasser les crises et les clivages politiques pour bâtir un avenir prospère pour la région. En définitive, ce premier Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest a posé les bases d’un changement attendu depuis longtemps. Avec des engagements forts et une volonté affichée, la région semble vouloir tourner la page de l’inertie pour avancer vers une intégration pragmatique, inclusive et orientée vers des résultats concrets.