Dans ce numéro de l’Invité de l’Intégration, le Directeur des Transports à la Commission de l’UEMOA, Adébayo Samson BALOGOUN, fait le point sur la construction et le fonctionnement des Postes de Contrôles Juxtaposés (PCJ), qui sont une composante majeure du Programme Régional de Facilitation des Transports et du Transit Routiers Inter-Etats de l’UEMOA.
Depuis quelques années la commission de l’UEMOA a entrepris la construction des Postes de contrôle Juxtaposés aux frontières entre les Etats-membres de l’Union. Les postes de contrôle Juxtaposés sont une composante majeure du Programme de facilitation des transports et du Transit Routiers Inter-Etats de l’UEMOA.
Quel est l’objectif de ce vaste Programme de la Commission de l’UEMOA ?
Dans le cadre du processus d’intégration régionale ; les transports jouent un rôle important dans les échanges intra-communautaires. Et par rapport à cela, le transport routier a tout aussi un rôle important. Quand, on fait le diagnostic des transports routiers, on se rend compte qu’il y a une faible performance. Cet état de chose est dû aux tracasseries routières sur les corridors au niveau des frontières. L’approche qui a été retenue, après concertation avec les Etats et les partenaires techniques financiers, c’est de construire les postes de contrôle Juxtaposés. Il s’agit d’un concept qui est relatif à la gestion coordonnée des frontières. A un seul arrêt, on fait l’ensemble des formalités de passage au niveau des frontières.
On fait les formalités aussi bien dans le pays qu’on quitte et le pays dans lequel l’usager y va
Cette opération s’appelle « One Stop », c’est-à-dire, un seul arrêt pour faire l’ensemble des formalités de la douane, de la police d’immigration, de la santé. Lorsqu’on fait un seul arrêt, on gagne en termes de temps et de coût, parce que, les usagers mettent beaucoup d’heure pour passer la frontière. Lorsque, les deux services des douanes sont mis en ensemble, on constate que les informations sont partagées, les perceptions douanières sont mieux suivies par les deux Etats. Cela permet aussi d’avoir un abri approprié pour les services de contrôle.
Comment fonctionnent les PCJ dans les pays membres de l’Union ? Prenons l’ensemble du corridor Lomé-Ouagadougou, quand un transporteur quitte Lomé, il arrive au poste de contrôle juxtaposés de Cinkansé, que doit-il faire pour passer la barrière ?
Lorsqu’un opérateur privé, un conducteur, un usager ou un touriste arrive au niveau de la frontière, il est réceptionné par les agents d’un opérateur privé qui a pour objectif de gérer, d’exploiter les postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé. La configuration des postes de contrôle juxtaposés, est segmentée en trois zones : zone administrative, zone de contrôles connus, zones de contrôles exclusifs. Ces contrôles sont faits par les services du pays. Les services de l’autre pays ne sont pas concernés par cette opération. Les zones de contrôles connus impliquent l’ensemble des services des deux pays concernés. Lorsque le pays de sortie finit son contrôle, le pays d’entrée lui aussi commence son contrôle.
Quelles sont aujourd’hui les postes fonctionnelles des PCJ ?
Au départ, il y avait 11 postes de contrôle juxtaposés prévus par la décision du Conseil des Ministres de l’Uemoa. A cela s’ajoutent 06 autres postes de contrôles financées par les partenaires techniques, notamment la Banque africaine de Développement et l’Union européenne. Aujourd’hui 06 postes sont en phase d’achèvement. Il s’agit des postes de Cinkansé, Hillacondji, Malanville, Goudoufougou etc… D’autres sont en construction… Les postes de contrôle juxtaposés sont construits par l’Uemoa qui délègue la gestion à une structure privée ou à un comité de gestion.
La mise en place de ces PCJ signifie que l’objectif est atteint ?
Notre ambition est de rationaliser les opérations de contrôle pour avoir un gain de temps et de coût de transport. Mais, on n’a pas totalement ce que nous recherchons en termes d’objectifs, notamment le temps réduit de contrôle et le coût de transport. Mais tout ce qui est changement dans la vie, demande un peu de temps. Les Etats n’avaient pas l’expertise de contrôles conjoints. Avec les formations et les sensibilisations, nous pensons que les Etats vont prendre le pli. Il convient de préciser que les PCJ visent à assurer la transparence des recettes douanières dans l’Uemoa.
Quelles sont les prochaines étapes du prochain ?
La prochaine étape consiste à impliquer davantage les acteurs des deux Etats concernés par les PCJ. Nous voulons aussi renforcer le rôle de la Commission pour mieux coordonner les PCJ au niveau des frontières. Nous souhaitons aussi renforcer la sensibilisation des usagers et des services de contrôle et enfin, la question de connection des systèmes informatiques douaniers au niveau des PCJ.
Transcription : Belmondo ATIKPO