(La mobilisation de l’épargne intérieure au cœur des travaux)
La 7ème édition des Rencontres du Marché des Titres Publics s’est tenue les 21 et 22 janvier 2025 à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Environ 200 participants dont les Trésors Nationaux, des Banques, des Caisses de Retraite, des Caisses de Dépôts et de Consignations, des investisseurs institutionnels, des intermédiaires financiers, des experts financiers ainsi que des représentants des institutions de l’UMOA. Des panels sur différentes thématiques, des discussions, des conversations pays, et des masterclass ont marqué entre autres les deux jours d’activités.
Placé sous le thème « Mobilisation de l’épargne intérieure : Quelles exigences pour soutenir le développement du marché financier en Zone UMOA ? » la rencontre a été l’occasion de faire le point de l’évolution des émissions des titres publics, de partager les perspectives économiques et financières pour 2025 et de discuter des moyens de collecter l’épargne au niveau de la zone UMOA au profit des émissions souveraines. « Nous avons fait face en 2024 à des besoins croissants des émetteurs et à des tensions de liquidité sur le Marché. Ce qui s’est traduit par une baisse du taux de couverture des émissions, une baisse de la durée de vie moyenne de la dette émise par les Etats et du taux de sortie continuellement en hausse. En dépit de ce contexte, notre Marché a encore une fois de plus prouvé sa résilience sur l’année 2024 », a déclaré Oulimata Ndiaye DIASSE, directeur de UMOA-TITRES lors de son discours d’ouverture des REMTP 2025. Concernant les émissions de titres publics en 2024, la moisson a été très bonne à en croire Désiré Bossou, Responsable département opérations et promotion du Marché des Titres Publics à UMOA-TITRES. Plus de 8127 milliards de FCFA ont été mobilisés par les Etats en 2024 contre 7194 milliards FCFA environ en 2023, a indiqué le Responsable département opérations et promotion du MTP. Soit un taux de croissance de 13%. Une performance qui prouve si besoin en était l’attractivité du marché. Sur la période, le Bénin a mobilisé environ 262 milliards FCFA en régression par rapport à l’année 2023 de -19,21%.
L’encours de la dette sur le Marché des Titres Publics pour le Bénin est de 1219,37 milliards FCFA au 31 Décembre 2024 en régression là aussi de 5,90%
Des résultats encourageants pour 2024
Lors de sa présentation sur la situation macroéconomique de l’UMOA et du monde, Arouna Sow, macroéconomiste à UMOA-TITRES, a indiqué que le potentiel économique de l’espace permet d’espérer davantage en 2025 malgré la conjoncture économique. S’appuyant sur les données du Fonds Monétaire International (FMI), Arouna Sow a précisé que la croissance mondiale s’améliore pour l’ensemble des pays et oscille entre 1 et 11%. Idem pour le taux d’inflation qui est aussi maîtrisé et pourrait dépasser légèrement les 9% au niveau des pays émergents. La situation économique récente de l’UMOA montre que le secteur tertiaire a largement contribué à la croissance économique en 2024. Suivi du secondaire et du primaire. En 2024, les huit pays de l’UMOA ont enregistré une croissance positive avec un chiffre de 6,7% pour le Bénin qui se positionne deuxième après le Niger 8,8%, meilleure performance de l’année. Concernant l’exécution des finances publiques en 2024, selon le rapport sur la politique monétaire de la BCEAO, les huit Etats de l’UMOA ont connu une réduction du déficit budgétaire en lien avec l’amélioration des recettes et une augmentation du taux de pression fiscale pour certains Etats. Les recettes totales et dons mobilisés dans l’espace en 2024 sont de l’ordre d’environ 23.427 milliards FCFA dont 19500 milliards FCFA pour les recettes fiscales seules. Au niveau de la balance des paiements, les exportations ont généré environ 28.605 milliards FCFA contre 28896 milliards FCFA pour les importations soit une balance commerciale déficitaire de -291% environ.
De bonnes perspectives économiques pour 2025 au plan régional
L’année 2025 promet une bonne santé économique pour l’ensemble des pays membres de l’UMOA. Au plan régional, il est espéré la Poursuite de la mise en œuvre des Plan Nationaux de Développement (PND) ; de bonnes perspectives dans l’ensemble des secteurs (Bonne campagne agricole 2024/2025, Réalisation des infrastructures, démarrage de projets dans le secteur des hydrocarbures, etc.) et une évolution de la situation socio-politique et sécuritaire. Au plan international par contre, il est à redouter une croissance atone de l’activité ; une baisse des prix de certains produits ; la persistance des tensions politiques ; la poursuite de la guerre en Ukraine ; de la crise au Moyen orient ; de la Baisse des tensions inflationnistes et ; l’assouplissement des conditions monétaire. A en croire le macroéconomiste Arouna Sow, la zone UMOA, championne de la croissance en Afrique subsaharienne présente des perspectives économiques favorables. Toutefois, trois défis majeurs se présentent pour la zone. Il s’agit d’abord de la consolidation budgétaire, une nécessité pour contenir la dette. Ensuite, l’adoption des réformes pour accroître la mobilisation de l’épargne intérieure. Un impératif pour le développement harmonieux du Marché financier régional. Et enfin, la poursuite de la mise en œuvre des réformes pour préserver la viabilité des finances publiques
Le Bénin avec des atouts et opportunités s’ouvre au monde
La performance économique du Bénin ces dernières années a été une fois encore mise en exergue par le représentant du Bénin lors de la conversation pays. Entouré de la Côte d’Ivoire et la Guinée Bissau, Eric Akoute, représentant du Bénin a exposé à l’assistance les résultats des réformes économiques engagées par le gouvernement de la rupture. La Zone industrielle de Glo-Djigbé est un exemple. L’Etat béninois a décidé de diversifier son économie à travers plusieurs leviers, a précisé Eric Akoute. Les réformes mises en place par le gouvernement sont centrées sur la digitalisation de certains services. On peut citer, entre autres, les facilités pour créer son entreprise et des certificats électroniques de création obtenus sous 3 heures pour 10 mille francs CFA ; la Digitalisation des déclarations et paiement d’impôts ainsi que des déclarations sociales ; les Formalités foncières digitalisées pour 5 milles francs CFA ; la Digitalisation du raccordement électrique en 30 jours et 6 jours pour la SONEB ; l’Exonération d’impôts la 1ère année de création d’une entreprise pour ne citer que celles-là. Abordant les déterminants de la transformation structurelle de l’économie béninoise, Eric Akoute de l’Agence de promotion des investissements et de l’exportation a souligné que le gouvernement a travaillé sur la chaîne de valeur dans son intégralité. Il a d’abord identifié les secteurs porteurs ou à fort potentiel et travaillé sur toute la chaine de valeur. Ensuite, il a œuvré à la disponibilité de la matière première en quantité et en qualité, à la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée, à l’accès au foncier, à l’électricité et à l’eau à des coûts compétitifs, bonne qualité des connectivités (routes, train, avion etc.). Grâce à la GDIZ, témoin de cette ambition affirmée et mise en œuvre, de gros contrats textiles ont été signés. Notamment la confection des tenues des forces de défense, et la confection des tenues de maillots pour la FIFA. Le tourisme aussi a connu son essor grâce à la disponibilité de réceptifs hôteliers comme le Sofitel qui dispose de 198 chambres dont 14 suites et 05 suites duplex avec piscine privée, 2 cours de tennis et un spa de 1 000 m² et des salles pouvant accueillir en moyenne 650 personnes. Toujours dans le secteur du tourisme, plus de 430 000 participants ont pris part aux Vodun days les 9, 10 et 11 janvier 2025. Sur le plan sanitaire, le Bénin dispose de réceptifs hospitaliers de référence, construits avec des technologies de pointe, l’un des plus grands et les mieux équipés de la sous-région. On y compte 436 lits répartis dans 18 spécialités qui sont à leur tour regroupées en huit (08) pôles. Dans le secteur agricole, le contrat avec la Chine pour l’exportation de l’ananas frais génère aussi des devises. Le gouvernement Nigérian a levé les interdictions d’exportations vers le Nigéria. Un geste fort qui a marqué la reprise des relations positives avec le Bénin, a fait remarquer Eric Akoute de l’APIeX. Un comité partitaire a également été mis en place entre les douanes des deux pays et travaille à la fluidification des relations commerciales, a-t-il conclu.
Gédéon VEGBA (Journaliste Economique -Collaboration Extérieure)