Quoiqu’elle ne cesse d’engager des initiatives pour faire face au changement climatique, l’Afrique reste menacée, selon le nouveau rapport du Centre international pour l’agriculture et les sciences biologiques (CABI). Bien que responsable de seulement 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le continent se réchauffe à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale, avec des conséquences sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.
S.T.
Alors que la communauté internationale peine à contenir la hausse des températures mondiales, l’Afrique pourrait connaître un seuil critique dans sa lutte contre le réchauffement climatique. Selon un rapport du Centre international pour l’agriculture et les sciences biologiques (CABI), publié le 25 février 2025, le continent pourrait dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement d’ici à 2050, par rapport à l’ère préindustrielle. Une prévision qui contraste avec les objectifs de l’Accord de Paris, signé en 2015, et qui visait à limiter l’augmentation des températures bien en dessous de 2 °C. Le rapport, intitulé « Developing just transition pathways for Africa’s agriculture towards low emission and climate resilient development under a 1.5°C global warming », a été élaboré par des chercheurs kényans et zimbabwéens. Il souligne que le continent africain, bien que n’étant à l’origine que de 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est parmi les régions les plus vulnérables aux effets du changement climatique.
La température moyenne annuelle a déjà augmenté de plus de 0,5 °C par décennie en Afrique au cours des trente dernières années. Cette tendance devrait se poursuivre, avec des variations selon les sous-régions. L’Afrique du Nord, l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest seront les plus affectées. Les zones semi-arides et plus sèches de ces régions pourraient voir des hausses de température allant jusqu’à 2,5 °C. Les prévisions à court terme ne laissent guère de place à l’optimisme : à long terme, dans un scénario « business as usual », le réchauffement pourrait atteindre près de 4 °C sur l’ensemble du continent d’ici la fin du siècle. Les impacts du changement climatique ne se limiteront pas à la hausse des températures. Le rapport prévoit une réduction des précipitations de 4 % en moyenne dans plusieurs régions d’Afrique d’ici 2050, couplée à une montée du niveau des mers pouvant atteindre un demi-mètre. Les zones côtières de l’Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest seront particulièrement exposées, tandis que les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, inondations et cyclones tropicaux, devraient devenir plus fréquents et plus intenses.
Menace sur l’agriculture africaine
Le secteur agricole, pilier de l’économie africaine, ne sera pas du reste. En Afrique de l’Ouest, les rendements des cultures de base comme le maïs, le sorgho et le millet perlé pourraient chuter de manière drastique, affectant ainsi la sécurité alimentaire. Dans le nord du continent, la baisse de production des cucurbitacées est également attendue, entraînant une hausse des prix et une réduction des ressources alimentaires. Face à cette menace grandissante, le rapport appelle à une transformation en profondeur des systèmes agricoles africains. La reprogrammation des cultures, l’amélioration de la résilience climatique et la restauration des écosystèmes sont des mesures jugées urgentes. « Financer les avancées scientifiques et technologiques dans l’agriculture résiliente, restaurer la fertilité des sols et développer les marchés sont autant de solutions à envisager pour un avenir durable », soulignent les auteurs. Le défi pour l’Afrique est donc double : se préparer à faire face aux conséquences de ce réchauffement accéléré tout en limitant son propre impact environnemental. Pour cela, des investissements massifs dans les technologies vertes, l’agriculture durable et la gestion des ressources en eau s’imposent, afin de préserver les moyens de subsistance des millions de personnes dépendant de l’agriculture sur le continent.