(Pour les 03 SATI, nous avons environ 200 milliards FCFA à financer)
Dans ce numéro, le Secrétaire Administratif Permanent du Conseil des Collectivités Territoriales de l’UEMOA (CCT-UEMOA), Eric Talardia KONDIA, par ailleurs Coordonnateur de l’Unité de Gestion du Programme de Coopération Transfrontalière Locale (PCTL), fait le bilan de la mise en œuvre du PCTL. Il fait le point des nombreuses réalisations et d’autres projets prioritaires en cours de mise en œuvre.
Le Programme de Coopération transfrontalière locale est conjointement mis en œuvre par la Commission de l’Uemoa, le Conseil des collectivités territoriales et avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Ce projet qui est à sa deuxième phase, vise à améliorer la gouvernance transfrontalière en Afrique de l’Ouest.
Parlez-nous, en détails de ce Programme ?
On peut se poser la question : pourquoi intervenir dans la Coopération transfrontalière locale ? Partant de cette interrogation, nous savons que les zones transfrontalières sont des endroits marginalisés, éloignés des capitales et des centres de décisions. Ce sont des zones moins pourvues et équipées en infrastructures de base et qui souffrent d’un manque criard de services publics. Ce sont aussi des milieux sans défense et exposés aux diverses tensions liées à la gestion des ressources naturelles, à la transhumance, à l’insécurité. On a un flux massif de déplacés internes, externes dans ces zones. C’est au nombre de tous ces constats que la Commission de l’Uemoa et le Conseil des collectivités territoriales ont décidé de mettre en place la Coopération transfrontalière, qui est un tremplin pour promouvoir le développement local, promouvoir la cohésion sociale, la paix et l’intégration par les populations de part et d’autre des frontières.
Comment peut-on délimiter une zone transfrontalière sur le plan géographique ?
Les zones transfrontalières sont des espaces partagés entre les populations, de part et d’autre, de la frontière. Nous avons à cet effet des collectivités locales situées entre plusieurs pays.
Qu’est que vous pouvez nous dire sur la deuxième phase du Programme de Coopération transfrontalière locale ?
Le PCTL (Programme de Coopération transfrontalière locale) est à sa phase (2). La première phase a débuté en 2015 et s’est achevée en 2020. La phase (2) a démarré en 2021 et court jusqu’en décembre prochain. Le projet est cofinancé par la Commission de l’Uemoa et la Coopération suisse à hauteur de 10.700.000.000 Fcfa. Le Programme est mis en œuvre par le Conseil des Collectivités territoriales de l’Uemoa qui est un organe consultatif de l’Uemoa. Le PCTL intervient aujourd’hui dans 06 espaces dans la sous-région. Il est mis en œuvre dans l’espace frontalier compris entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali ; l’espace Sikasso-Korogo-Bobodioulasso qui est partagé entre le Burkina, la Côte d’Ivoire et le Mali ; le bassin du fleuve Sénégal qui regroupe 04 Etats : Mali, Mauritanie, Guinée-Bissau et le Sénégal ; l’espace de coopération de la Volta noire entre le Burkina, le Ghana et la Côte d’Ivoire ; l’espace de la bande côtière entre le sud-Bénin, le Togo et l’espace Dendi-Ganda, zone frontière entre le Bénin, le Niger et le Nigéria. Le Programme cible les collectivités territoriales locales au niveau des frontières.
Le diagnostic a montré que les populations transfrontalières sont assez vulnérables. Au regard de ce constat mitigé ; est-ce que l’objectif de PCTL est atteint ?
Après 10 années d’intervention et de déroulement du Programme, on peut se réjouir ! Parce que dans les 06 zones délimitées ; nous avons pu développer des outils d’interventions, qu’on appelle le SATI (schéma d’aménagement transfrontalier intégré) qui permet à l’espace de se doter d’une vision, d’identifier les projets prioritaires, d’avoir des projets banquables. Trois SATI ont déjà été élaborés pour la zone escargot (Sikasso-Korogo-Bobodioulasso), et dans le Bassin du fleuve Sénégal. 03 autres SATI sont en cours de mise en œuvre pour les trois espaces récents. Avec le SATI, le développement des espaces est planifié, à court, à moyen et long terme. Après l’élaboration de SATI, le Programme a aussi contribué à la mise en œuvre de certains projets prioritaires sur différentes thématiques comme la mobilité des populations au niveau des frontières. Dans ces zones, nous avons des localités qui ont besoin de connectivité et certains services sociaux de base. Nous avons pu réaliser des pistes rurales avec les ouvrages de franchissement dans un espace partagé entre le Burkina et le Mali. Dans la zone de l’Escargot, nous avons également construit des pistes. Entre le Bénin et le Togo, nous avons pu doter de barques motorisées les populations riveraines qui sont sur le lit du fleuve pour favoriser le déplacement des écoliers et élèves du Togo dans les écoles du Bénin. Nous avons aussi réalisé les infrastructures marchandes en l’occurrence le marché de Téra. Ces infrastructures permettent d’avoir un cadre organisé. En 10 années, PCTL a boosté l’activité économique dans les zones transfrontalières. Les commerces ont des grands espaces pour faire des stockages, pour faire des échanges. Au niveau de Téra par exemple, le marché qui s’animait une fois par semaine, aujourd’hui, s’anime toute la semaine. C’est des retombées économiques pour les commerçants, le marché et les collectivités transfrontalières. On prélève les taxes qu’on réinjecte dans la gouvernance et le développement local. Toujours dans la zone Escargot, nous avons réalisé un périmètre hydro- agricole de 50 hectares pour produire en contre saison, contre la sécurité alimentaire. Dans la même zone, on a réalisé plus de 50 forages pour l’accès à l’eau. Les zones transfrontalières sont aujourd’hui sujettes aux tensions sécuritaires ; dans ce cadre, la Coopération transfrontalière à travers ses interventions, a contribué à la promotion de la paix entre les populations.
Quelles sont les perspectives du PCTL qui a eu tant de réalisations sur le terrain ?
Nous espérons de nos vœux la phase 3 du Programme de Coopération transfrontalière locale. Nos perspectives consistent à préserver les acquis et les renforcer au besoin. Pour les 03 SATI, nous avons environ 200 milliards FCFA à financer. Bien entendu que le PCLT a déjà fiancé certains projets pilotes. Le défi consiste à appuyer les espaces à pouvoir mobiliser des financements auprès des partenaires techniques. Je facilite la Commission de l’Uemoa qui est pionnière au niveau des interventions sur la coopération transfrontalière dans la sous-région.
Transcription : Belmondo ATIKPO