La forte dépendance aux importations de produits alimentaires et énergétiques expose le Bénin aux fluctuations des prix internationaux et aux risques d’approvisionnement. Elle appelle à intensifier les investissements structurants dans la production et la transformation pour renforcer la souveraineté.
Aké MIDA
Le Bénin a franchi un nouveau seuil dans sa dépendance aux importations de produits de première nécessité au premier trimestre 2025. Avec un volume d’achats extérieurs estimé à 609,9 milliards de francs Cfa, en hausse de 22,2 % par rapport au trimestre précédent, la structure des importations reflète une forte exposition du pays aux marchés internationaux du riz, des engrais, des poissons congelés et des produits pétroliers.
Selon le Bulletin trimestriel du commerce extérieur publié par l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le riz semi-blanchi représente 34 % de la valeur totale des importations du trimestre, pour un coût de 207,4 milliards de francs Cfa. Ce produit est suivi par les engrais dont la facture s’élève à 37,7 milliards F Cfa, et les poissons congelés, très prisés sur les marchés urbains. En glissement annuel, les importations progressent de 9,2 %, tirées en grande partie par le riz qui affiche une contribution exceptionnelle de 28,8 points de pourcentage.
Ainsi, le Bénin reste fortement dépendant de l’Inde qui fournit à elle seule 30,2 % de ses importations, notamment en riz. La Chine et la France suivent, avec des exportations tournées vers les engrais, les motocyclettes et les produits pharmaceutiques.
Dans l’espace communautaire de la Cedeao, les importations en provenance des pays voisins s’établissent à 51,9 milliards de francs Cfa, en baisse de 8,6 % par rapport au trimestre précédent. La Côte d’Ivoire reste le premier fournisseur régional, devant le Nigeria et le Togo, principalement pour les produits agricoles et pétroliers ainsi que les intrants utilisés dans la production.
Une riposte s’impose
Dans un contexte mondial incertain, le Bénin ne peut se permettre de rester tributaire des marchés extérieurs pour ses besoins fondamentaux. Réduire la dépendance passe par une politique volontariste de substitution progressive des importations. Cela implique une coordination forte entre les acteurs publics, les producteurs, les investisseurs et les partenaires techniques. Il s’agit moins de renoncer au commerce international que d’en corriger les déséquilibres au profit d’un modèle plus autonome, plus résilient et plus inclusif.
Face à la dépendance préoccupante aux produits alimentaires et énergétiques, plusieurs axes stratégiques apparaissent comme prioritaires. D’abord, il importe de renforcer la production locale de riz. Le pays dispose d’un potentiel agroécologique significatif, notamment dans les zones rizicoles de la vallée de l’Ouémé ou de la plaine de Malanville. Pour en tirer pleinement parti, il faut intensifier la modernisation des aménagements hydro-agricoles, faciliter l’accès aux semences améliorées et aux équipements agricoles, et promouvoir la transformation locale du riz paddy en produit fini compétitif.
Ensuite, la question des engrais mérite une attention particulière. Le recours massif aux engrais minéraux importés rend les rendements agricoles dépendants des aléas du commerce international. Une stratégie de développement des engrais organiques, produits à partir de composts locaux ou de résidus agricoles, permettrait d’alléger cette pression. Elle suppose également un accompagnement technique des producteurs et un effort de vulgarisation à l’échelle nationale.
L’énergie vitale
L’approvisionnement énergétique constitue un autre maillon fragile. Malgré les efforts déployés ces dernières années, le pays importe encore des volumes considérables de carburants et de produits pétroliers, ce qui alourdit la facture commerciale. Il devient nécessaire de renforcer les capacités de stockage pour limiter les ruptures et lisser les variations de prix.
Par ailleurs, les investissements dans les énergies renouvelables, notamment le solaire en zone rurale, restent une réponse adaptée et durable au faible accès à l’électricité.
Enfin, la relance de la transformation agroalimentaire enclenchée avec la zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz) et le développement des Petites et moyennes entreprises (Pme) reste une voie concrète pour réduire la dépendance aux importations. Cela passe aussi par le soutien aux petites unités de transformation, notamment dans le riz, le poisson ou les produits dérivés du manioc. Une meilleure valorisation des produits locaux dans les circuits de consommation peut aussi stimuler la production nationale et créer de la valeur ajoutée. L’intégration de ces filières dans les zones économiques spéciales : Glo-Djigbé et Sèmè-Podji offre un cadre incitatif à exploiter.