L’Union économique et monétaire ouest-africaine initie une transformation ambitieuse pour moderniser sa gouvernance institutionnelle. A travers le Plan stratégique 2025-2030, la Commission de l’Union cherche à surmonter les défis liés à la complexité administrative, à la lenteur des processus décisionnels et à une digitalisation insuffisante.
Aké MIDA
La gouvernance de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) repose sur un cadre institutionnel robuste, mais il reste perfectible. Le diagnostic mené dans le cadre du Plan stratégique 2025-2030 met en lumière des faiblesses structurelles freinant son efficacité. Parmi les obstacles identifiés, figurent la complexité des procédures administratives, la lenteur de la prise de décision, et une digitalisation insuffisante des processus internes, qui ralentissent l’exécution des politiques communautaires. Par exemple, il faut en moyenne plus de six mois pour finaliser une passation de marché, ce qui compromet la mise en œuvre rapide des projets. De plus, la coordination entre les Etats membres et les organes de l’Union souffre d’un manque de synergie entre approches hiérarchiques et transversales, notamment dans la gestion des programmes et des initiatives régionales.
Pour répondre à ces défis, l’axe 5 du nouveau plan stratégique dénommé « Impact 2030 » se concentre sur la modernisation de la gouvernance institutionnelle. Ce plan vise à renforcer les capacités de l’Uemoa, à optimiser la gestion des ressources et à instaurer une gouvernance plus agile et transparente.
Un renforcement institutionnel en trois volets
La Commission de l’Uemoa entend renforcer son leadership régional et s’affirmer comme moteur de l’intégration économique. La modernisation de la gouvernance reposera sur un Plan de transformation 2025-2026 structuré autour de trois volets à savoir la mise à niveau organisationnelle, l’efficacité opérationnelle et le pilotage stratégique.
Le premier volet est la réorganisation structurelle de la Commission pour l’aligner aux nouvelles orientations stratégiques. Cela inclut la refonte des départements, l’optimisation des ressources humaines et une décentralisation accrue des processus décisionnels, permettant ainsi plus de réactivité et d’autonomie au sein des organes de l’Uemoa.
Le deuxième volet se concentre sur l’amélioration des procédures administratives, notamment la gestion des finances et des ressources humaines. La digitalisation des processus critiques, tels que la gestion des achats et le suivi des projets, est essentielle pour réduire les délais et améliorer la transparence. L’optimisation de ces processus permettra de rendre les décisions plus rapides et mieux informées.
Le dernier volet vise à renforcer le pilotage stratégique par l’instauration d’un mécanisme de suivi-évaluation renforcé. La mise en place d’une cellule dédiée à la transformation permettra de garantir le suivi rigoureux des réformes et d’assurer une meilleure exécution des politiques publiques, avec des résultats tangibles à la clé.
Numérique et transparence
L’Uemoa se fixe également un objectif majeur : moderniser son système d’information via un Plan de transformation digitale. Ce programme prévoit l’automatisation des processus administratifs et la mise en place d’un système intégré de gestion des programmes communautaires. L’objectif est de rendre l’institution plus réactive, facilitant l’accès aux informations et accélérant la prise de décision.
Un projet phare d’identité numérique régionale est en cours pour renforcer l’accès aux services publics et garantir la transparence des processus administratifs. A ce jour, près de 40 % des jeunes de la région ne disposent pas d’une identité légale, ce qui limite leur accès à l’éducation et aux financements.
La modernisation de la gouvernance impliquera des ressources financières conséquentes. Une étude sur la diversification des sources de financement a été lancée afin de réduire la dépendance aux contributions des Etats membres. L’Uemoa prévoit de renforcer ses partenariats avec les institutions financières internationales et d’explorer de nouveaux mécanismes de financement innovants.
En parallèle, la gestion budgétaire sera rationalisée par une meilleure allocation des ressources, visant à optimiser l’utilisation des fonds communautaires et à garantir une exécution budgétaire plus rigoureuse.
L’instauration de procédures transparentes, une gestion budgétaire optimisée et une digitalisation accrue permettront à l’Uemoa de renforcer son efficacité et sa crédibilité, consolidant ainsi son rôle dans l’intégration économique régionale.